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L'exploitation intensive des palétuviers pour leur tanin démontre, s'il en était besoin, le caractère résilient des mangroves. Des centaines de milliers d'hectares de mangrove ont été ainsi détruits pour cet usage, un peu partout sous les tropiques, de la fin du XIXe aux années 50. Les peuplements de palétuviers détruits se sont généralement régénérés depuis. Cela s'est fait en quelques décennies. 

 

Les écorces de certains palétuviers, notamment celle des Rhizophoraceae (Rhizophora, Bruguiera, Ceriops), de Conocarpus, d'Excoecaria et de Xylocarpus, sont très riches en tanin : le taux peut atteindre jusqu'à 35%. On pouvait ainsi collecter 10 à 25 tonnes d'écorces par hectare. On en extrayait ce produit dans des usines.

 

Dans les sociétés autochtones avant l'intrusion européenne, on utilisait ces tanins (mangrove cutch en anglais) pour la conservation des filets de pêche, de divers objets usuels et de celle des boiseries. On connaît d'autres usages anciens. En Arabie, Ibn el Beïthar, au XIIIe siècle, signale l'utilisation des écorces d'Avicennia pour le tannage du cuir de Deibol (B. Rollet, 1975). Et au XVIIIe siècle, on utilisait en Inde pour le même usage le tanin de palétuvier (V. Howeson, 1804).

 

Avant la création de tanins chimiques, les tanins de palétuviers ont ainsi fait l'objet d'une forte demande industrielle. Mais c'est au début du XXe siècle que l'exploitation prend un caractère planétaire : les usines de Hambourg, de Liverpool et de Floride où fonctionnaient plusieurs usines sont importatrices. Les espaces de production se trouvaient principalement en Asie (Philippines, Indonésie, Sarawak, Penang), en Australie, à Madagascar, au Mozambique et en Tanzanie (Zanzibar), en Afrique de l'Ouest, sans oublier l'Amérique Latine. On préférait ne l'employer en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, que pour quelques usages particuliers comme les forages, le détartrage des générateurs des locomotives à vapeur ou le tannage des semelles. En revanche avant 1917, on l'exportait sous forme de mélange frauduleux, depuis l'Allemagne vers la Russie. Il subit la concurrence du quebracho (Schinopsis lorentzii) puis des tanins chimiques à base de chrome et de lignosulfonates, qui le supplantent définitivement après la seconde guerre mondiale.

 

Aujourd'hui le tanin de palétuvier a, ici ou là, parfois gardé son usage traditionnel. Le tanin de palétuvier est bon marché mais il reste peu prisé pour le cuir du fait de sa teinte rougeâtre.

 

Lire :

Bernard Rollet, 1975.- Les utilisations de la mangrove. Paris, Journal d'Agronomie Trop. et de Botanique Appl., XXII, 7-8-9 (203-237) et 10-11-12 (297-340).

 

GAB JML 1001

Bois rouge de Rhizophora racemosa avec son écorce au Gabon

 

Première publication :25/03/2010

Tag(s) : #Sujets de réflexion
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